La relation à l’autre est un vrai défi. L’autre n’est pas moi mais l’autre me renvoie une image de moi, certes déformée par sa propre personnalité, mais qu’il faut quand même regarder. C’est souvent plus efficace pour évoluer que de se regarder dans son miroir et de se complaire. «Miroir, ô mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle?»…On connait la réponse qui fait plaisir mais est-ce la vérité ?
Par Alain Hemmer – Consultant Cabinet Gerusia
On confond trop souvent le fait de vouloir donner à confiance à quelqu’un et le rassurer sur sa capacité à faire face, avec celui de lui apporter un soutien inconditionnel qui occulte la réalité des difficultés rencontrées, enjolive le comportement observé, et donc lui évite les efforts à faire sur soi-même.
« Le problème ne vient pas de toi mais des autres. Tu as forcément raison mais tu es incompris. »
Cette démarche très « maternelle » peut se comprendre pour protéger l’enfant mais ne semble pas la plus appropriée pour faire évoluer l’individu. Dire à un étudiant (ou à un collaborateur) qu’il dispose des qualités requises pour s’adapter à ses futurs postes et évoluer favorablement est une chose. Affirmer qu’il dispose de tous les talents et qu’il fera assurément le succès de son entreprise (qui n’attend donc que lui) en est une autre.
La première démarche veut l’aider à réduire ses appréhensions pour trouver en lui les réponses aux difficultés qui vont se présenter. La seconde conforte ses certitudes, flatte son ego, et lui laisse penser que les difficultés rencontrées ne pourront pas être de son fait.
Il est malheureusement fréquent de rencontrer aujourd’hui nombre de « jeunes » managers/cadres (parfois moins jeunes….), quelquefois encore étudiants et futurs candidats à l’embauche, pensant arriver en terrain conquis, forts de leurs soi-disant talents et pétris d’exigences et de certitude sur la façon d’être et de faire. La faute sûrement à des années de discours gentiment protecteur qui les a convaincus de leur valeur et de la pertinence de leur comportement. Grande peut alors être la désillusion, pour eux comme pour leur employeur…
Qui est donc ce « moi », qui est l’autre, une personne ignorante ou compétente, arrogante ou bienveillante ? Sûrement un mélange de tout cela. Comment établir alors au quotidien des relations « convenables », celles qui permettront d’éviter les confrontations, de sortir des oppositions, de tirer le meilleur parti des compétences des autres et d’avancer ensemble au mieux ?